Plus de 4.9 milliards de personnes dans le monde utilisent les réseaux sociaux. Ce chiffre ne cesse d’augmenter. Les sites les plus utilisés sont Facebook, YouTube, Twitter, SnapChat et Instagram. Nous utilisons ces plateformes pour communiquer avec nos amis et les personnes qui font partie de nos cercles de relations. De cette façon, nous pouvons interagir avec eux et partager nos centres d’intérêt. On entend souvent parler des dangers des réseaux sociaux, comme par exemple, le risque d’isolement social. Certaines personnes finissent, en effet, par privilégier les relations virtuelles aux interactions réelles. Le rôle important que jouent les réseaux sociaux dans l’existence des utilisateurs de CAA est cependant rarement abordé.
« Je pense que les réseaux sociaux aident les partenaires de communication et les personnes qui sont en relation avec les utilisateurs de CAA. Lorsque je parle avec d’autres personnes, elles utilisent le plus souvent des phrases composés de 2 mots. Celles et ceux qui me fréquentent sur les réseaux sociaux me traitent comme la personne éduquée et pertinente que je suis en réalité ». ~ Johanna Schmidt, utilisatrice de CAA
Les travaux de recherche montrent que les réseaux sociaux ont un effet positif sur les personnes qui utilisent la CAA. Les réseaux sociaux sont synonymes de :
- plus d’interactions et de communication
- plus grande proximité sociale avec les amis, la famille et les relations de travail
- moins d’isolement et de solitude
- plus d’indépendance
- construction d’une identité propre et amélioration de l’expression
- loisirs et développement d’intérêts personnels
- un rôle social accru, comme le fait de devenir blogger ou mentor sur des plateformes sociales, par exemple.
- une meilleure santé physique grâce à une meilleure tolérance aux affections sous-jacentes, à un meilleur accès aux conseils et à un meilleur partage des informations avec les médecins.
Les utilisateurs de CAA que nous avons interrogés nous donnent une définition encore plus convaincante du rôle joué par les réseaux sociaux dans leurs vies.
Les réseaux sociaux sont une sorte de CAA
« Les réseaux sociaux, la rédaction de messages courts, et les tweets sont des systèmes de CAA à grande échelle et socialement acceptés ». ~ Saoirse Tilton, utilisatrice de CAA
Pour certains d’entre eux ces plateformes constituent une forme de CAA à part entière, plus universelle et plus inclusive que la parole. Selon eux, les utilisateurs de Facebook sont des utilisateurs de CAA, car il s’agit là d’un mode de communication alternatif à la parole. Le recours aux textes aussi bien qu’aux images rétablit une sorte d’équité. Cela corrige de déséquilibre induit par la saisie ou la sélection de symboles pendant que votre partenaire de communication vous parle.
« Les réseaux sociaux ne me procurent pas seulement un moyen de communiquer, ils me donnent aussi plus de possibilités d’interaction. Lorsque j’utilise la CAA, avec la précipitation, je ne parviens pas toujours à interagir avec les autres comme je le voudrais, en posant des questions, en montrant de l’intérêt, ou en proposant mon aide ». ~ Johanna Schmidt, utilisatrice de CAA
« Les réseaux sociaux sont très importants... J’aimerais que mes amis habitent plus près (et ainsi ne pas être aussi dépendant des communautés de personnes handicapées ou souffrant d’autisme) et qu’ils puissent s’exprimer par la parole pour que les réseaux sociaux aient moins d’importance dans nos vies ». ~ Alyssa Hilary, utilisatrice de CAA
Les réseaux sociaux permettent de vous montrer tel(le) que vous êtes
Les réseaux sociaux sont souvent critiqués car les gens ne s’y montrent pas tels qu’ils sont en réalité et préfèrent s’inventer une nouvelle identité. D’autres utilisateurs de CAA disent, au contraire, qu’ils n’expriment vraiment leur personnalité que sur Facebook. Ils nous ont raconté comment, au cours d’interactions réelles, leurs différences visibles (l’utilisation de la CAA, des mouvements ou des sons involontaires par exemple) prenaient le pas sur la façon dont les autres personnes les comprennent. En face-à-face, les autres les traitent différemment. Les personnes interrogées se sentent, pour la plupart, sous-estimées pendant les conversations en face-à-face et ont le sentiment ne pas être entendues. Sur les réseaux sociaux, en revanche, elles peuvent donner libre cours à leur personnalité. Elles peuvent s’exprimer pleinement.
« Je fais beaucoup de gestes incontrôlés et de nombreuses personnes pensent que mon niveau de compréhension est très bas. En situation réelle, en raison de mes différences physiques, même les personnes qui me connaissent bien m’impliquent rarement dans des conversations stimulantes ». ~ Johanna Schmidt, utilisatrice de CAA
Au cours des conversations réelles, les personnes qui souffrent d’un handicap ont des difficultés à contrôler leurs gestes, les sons. Elles sont souvent affublées des tics nerveux qui nuisent aux rapports sociaux. Elles doivent faire beaucoup d’effort pour suivre ce qu’on appelle « les signaux sociaux normatifs » tels que le maintien du contact visuel, par exemple. Sur les réseaux sociaux, ce problème n’existe pas. « Sur Facebook, je me sens normal », a déclaré un utilisateur de CAA. Mon message peut être entendu, d’une manière socialement « appropriée ».
Les réseaux sociaux sont plus accessibles
Les réseaux sociaux sont plus accessibles aux personnes qui souffrent de troubles de la communication car ils reposent moins sur le texte. C’est un moyen de communication intrinsèquement multimodal. Nous partageons des photos, des images, des vidéos au lieu d’écrire de longs paragraphes ou des monologues parlés. C’est une aide considérable pour ceux qui ont des difficultés à s’exprimer par la parole. Le recours à l’image nous aide à nous concentrer. « Si un ami nous raconte une longue histoire, celle-ci peut nous paraître compliquée à suivre car nous devons absorber beaucoup d’informations d’un seul coup », déclare Endever* Corbin. « Sur Twitter, l’information nous arrive par petits bouts ce qui améliore ma compréhension du texte et ma capacité à participer à la conversation ».
Les réseaux sociaux sont plus efficaces
Les réseaux sociaux sont plus efficaces pour les gens qui ont du mal à faire des gestes et qui ont besoin de compter. Au lieu de taper ce que nous avons fait pendant notre voyage, il nous suffit de partager des photos et de les légender en y ajoutant quelques informations. Il existe une multitude de manières différentes pour que les autres puissent nous répondre. Par l’intermédiaire de « likes », d’émoticônes, de GIF vidéo, par exemple, ou en partageant un message et en faisant des retweets. Il est plus facile de faire de l’humour, de l’ironie, des blagues, et des références à la culture populaire en partageant des messages sur les réseaux sociaux qu’en utilisant un système de CAA.
« Les émoticônes sont une aide précieuse pour communiquer ». J’ai souvent du mal à contrôler mes expressions faciales. L’utilisation de P4T seule peut mener à l’incompréhension de signaux de communication subtiles tels que la transmission de certaines émotions (la chaleur, la gentillesse par exemple), qui sont souvent traduites par un sourire. Les émoticônes sont un bon moyen pour véhiculer la chaleur et la gentillesse que d’autres exprimeraient par un sourire ». ~ Johanna Schmidt, utilisatrice de CAA
Les réseaux sociaux facilitent la communication
De nombreux utilisateurs de CAA considèrent qu’il leur est difficile de faire partie d’une communauté. Leur état de santé les empêche parfois de sortir de chez eux. En raison de ressources financières limitées et d’allocations permettant de bénéficier de services d’aide au handicap inadaptées, il leur est difficile de rencontrer des amis. Les réseaux sociaux peuvent aider à compenser certains de ces obstacles à la communication.
Par ailleurs, communiquer sur les réseaux sociaux demande de faire moins d’efforts qu’en face-à-face ce qui peut, par conséquent, être plus épanouissant. Le rythme des discussions y est également moins soutenu. Comme un utilisateur de CAA nous l’a confié, « il n’y a aucune nécessité à répondre dans la seconde ».