Le syndrome d’Angelman est une anomalie génétique qui apparaît chez environ 1 enfant sur 15000. Les symptômes principaux sont un retard de développement, une absence de parole, de l’épilepsie et des difficultés dans l’équilibre et la marche. Jusqu’à récemment, on pensait que les personnes porteuses du syndrome d’Angelman avaient une déficience intellectuelle sévère et que très peu d’entre elles étaient capables d’apprendre à communiquer pleinement, ou à lire et écrire. Jusqu’à ce qu’arrive la révolution.
Remise en question d’un pronostic plutôt sombre
Des parents, enseignants et thérapeutes ont commencé à remettre en question le pronostic sombre à propos des personnes porteuses du syndrome d’Angelman. En effet, ce pronostic était principalement basé sur le passage de tests standardisés. Dans de tels tests, des personnes qui leur sont inconnues demandent aux enfants de réaliser des tâches dans des contextes inhabituels et non naturels : “montre la pomme”, “donne-moi la banane et le stylo”, “touche ton coude”, etc… Les enfants porteurs du syndrome d’Angelman avaient beaucoup de difficultés à effectuer ces tâches, alors que leurs parents, enseignants et éducateurs savaient que dans des situations plus courantes, ils pouvaient comprendre les mêmes mots pour lesquels ils avaient échoué en situation de test.
En chemin vers des méthodes d’enseignement plus naturelles
Les parents et professionnels ont commencé à militer pour avoir des évaluations et des méthodes d’enseignement plus naturelles, celles qui ont lieu lors d’activités quotidiennes amusantes et motivantes, sans demander d’exécuter des exercices à répétition et hors contexte. Les recherches dans ce sens ont commencé à montrer que les personnes porteuses du syndrome d’Angelman ont des troubles importants de la planification motrice comme l’apraxie, et qu’ils présentent aussi de l’anxiété. A cause de ces deux troubles combinés, il leur est difficile de produire des actions sur demande. De nombreuses compétences que seuls les parents voyaient chez leurs enfants, et qui n’étaient pas « prouvables » dans un contexte de test, devenaient désormais confirmées par la recherche scientifique.
Les débuts de la révolution
Des parents et des professionnels révolutionnaires ont alors commencé à épouser la cause. En Australie, Mary-Louise Bertram, une enseignante spécialisée et spécialiste de CAA, s’est vu attribuer une classe dans laquelle il y avait 4 enfants avec le syndrome d’Angelman. En utilisant la stimulation du langage assisté pour enseigner l’utilisation de la CAA, et en s’assurant que ses élèves avaient accès à leur système de CAA tout au long de la journée, elle a vu ses élèves développer des compétences en expression et de dépasser le stade du simple choix. Mary-Louise a commencé à partager cette expérience avec des associations de parents d’enfants porteurs du syndrome d’Angelman en dehors de l’Australie, voyageant aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en France et en Norvège pour discuter et travailler avec les parents et les équipes éducatives.